Une remarque, une réaction ? mslevy@laposte.net. Merci
PSYCHOSE ET DIALOGUE.
Une remarque liminaire s’impose à l’orée de cette dernière conférence sur la psychose : derrière ce mot, se cachent des structures de l’appareil psychique qui concerne chaque humain, quelles que soient les étiquettes qui l’affublent. De ce point de vue, le présent travail se différentie radicalement des théories de la rupture radicale de l’organo-dynamisme de la tradition française de psychiatrie, et de la forclusion non moins radicale lacanienne. Dès lors, que chacun, peu ou prou, plus ou moins partiellement puisse se reconnaître à travers les lignes qui vont suivre, voilà un effet qui garantira l’humanité de chacun, patient ou thérapeute, axe de fraternité minimum sans lequel aucun travail thérapeutique n’est réellement possible.
Les structures étudiées ci-dessous sont toujours, dans mon esprit, partielles, universelles, et incluses dans une complexité de l’humain qui aura toujours le dernier mot sur les diverses vignettes qui à la fois balisent et encombrent notre savoir.
Lorsqu'on est dans une sphère on ne la voit jamais en entier on n'aperçoit que la partie concave qui est devant soi.
Seule une personne extérieure à cette sphère peut en faire un compte-rendu partiellement objectif.
Une personne qui parle d'elle va être dans la position de quelqu'un qui définit un objet qu'il ne peut pas voir intégralement. Mais comme il aimerait avoir la maîtrise de cet objet, qui est lui-même, la tentation va être grande de prendre cette partie pour le tout. On voit ainsi que l'erreur de jugement est la règle lorsqu'on parle de soi.
Dès lors que cette présentation de soi-même puisse être remaniée discutée dans le dialogue c'est-à-dire par la vision de l'autre, voilà qui permet d'avancer vers soi-même, s'en est même le moyen le plus important.
Et voilà aussi qui permet à l’autre de situer sa propre réalité, au travers de la faille assumée du premier, et non dans la douloureuse déformation de la projection, ou de l'interprétation, qui peut être la même chose.
Ainsi, la plus simple définition de la folie est la suivante : être fou, c'est décider (consciemment ou inconsciemment) de penser seul, exclusivement hors dialogue..
On voit bien là que cette fonction du signifiant d'être autant interne qu'externe, autant maîtrisés qu'immaîtrisable, autant décidé qu'indécidable, est en fait un puissant moteur de savoir, de remaniement, d'adaptation constante au réel nécessairement inconnu de soi même, nécessairement changeant, lorsqu'il fonctionne dans le dialogue.
Cette fonction est précisément celle qui est mise à mal dans ce qu'on a désigné comme l'autre incastrable, la forclusion, ou encore le double lien.
Cet aspect fondamental du vrai dialogue qui est de faire cheminer à travers la faille que chacun présente de son narcissisme est précisément ce qui manque plus ou moins dans toutes les configurations familiales des patients psychotiques, et dans le dialogue concret des patients pris dans des traits dominants de cette pathologie.
Existe-t-il d'autres pistes pour cerner une définition unique des problèmes psychotiques?
On sait que pour cela, plusieurs sciences ont échoué.
La psychiatrie est incapable d'isoler un critère spécifique qui pourrait rendre compte de façon constante du trait psychotique. Que l'on prenne chacun des traits qui composent le tableau psychotique, aucun d'entre eux n'est pathognomonique d'une psychose. Il faut de ce point de vue prendre au sérieux cette plaisanterie habituelle qui veut que chacun se reconnaisse au fur et à mesure de la lecture d'un manuel de psychiatrie! Que ce soit strictement vrai en fait plus qu'un amusement. C'est l'ensemble de certains de ces traits et leur relative permanence qui tend à poser le diagnostic, deux critères donc forts flous et d'ailleurs variables en étendue et en temporalité chez chaque patient. Les témoignages de cette versatilité des symptômes sont légions, nous avons singulièrement exploré celui de Perceval dit le fou... C'est aussi ce que montre toutes les études sur l'évolution au long terme des phénomènes psychotiques, hormis la paranoïa.
Par ailleurs, aucune théorie psychiatrique, psychanalytique, génétique, biologique ou anatomique n'est capable de rendre compte de ce passage éclair par un moment psychotique, qu'on appelle la bouffée hallucinatoire, pas plus que de la relative constance de l'amélioration des tableaux de schizophrénie chronique au bout de 20 ou 30 ans d'évolution, avec ou sans traitement. Si quelques rares et inconstantes particularités anatomiques sont parfois repérées dans la dite schizophrénie, elles ne sont jamais majoritaires et personnes ne peut affirmer si elles sont causes ou conséquences.
Pour rendre compte des arguments le plus souvent avancés pour soutenir l'hypothèse biologique, il en est un qui résume tous les autres : les études sur les jumeaux monozygotes, séparés à la naissance, dont il est souvent dit qu'elles montrent une concordance de 50% dans la schizophrénie. C'est d'abord faux, dans la mesure où ces études sont très variables, montrant entre 30 et 65 % de corrélation, discutable aussi car les critères d'inclusion sont parfois très loin d'une schizophrénie au sens psychiatrique. Certaines études inclusent par exemple la dyslexie ou d'autres troubles mineures comme corrélat pour affirmer ensuite que les deux jumeaux sont atteints! Enfin, et surtout, si une part, variable, faible et discutable revient peut-être à la génétique, aucun gène ou groupe de gènes n'a été pour le moment identifié de façon stable.. malgré des recherches considérables.
Quoiqu'i? en soit, les mêmes approximations, les mêmes distorsions de la réalité scientifique existent dans l'exposé des causes organiques des psychoses, où il est usuel de prendre l'exception pour la règle, de prendre les désirs pour des réalités. Par exemple, on trouve dans quelques études (pas toutes en outre) le constat que le corps calleux est hypotrophié chez 30% des patients. Ce qui circule chez les médecins est dès lors que le corps calleux est hypotrophié dans la schizophrénie.. Le glissement sémantique est fort, et malhonnête scientifiquement. La plus étrange de ces approximations est l'affirmation de la cause génétique parce qu'on la cherche avec beaucoup d'énergie!!! Sans la trouver, bien entendu..
L'idée d'un continuum entre l'état normal et l'état psychotique tend cependant peu à peu à s’imposer dans ces trois sciences (biologie, génétique, psychiatrique), notion floue tempérée par l'idée pour chacune de ces trois approches d'une cause tout aussi réelle et affirmée qu'elle est recherchée et inconnue pour le moment.
La psychanalyse ne parvient pas non plus à poser un élément stable et clairement définis pouvant le montrer. Freud n'avait pas de théorie psychogénétique à ce propos, supposant simplement une anomalie biologique : une exagération de la faiblesse du moi, comme Mélanie Klein, d’ailleurs, qui supposait aussi une propension innée à l’angoisse. Seuls Frances Tustin et Bettelheim ont proposé des pistes non biologiques qui ont ouvert la voie ici suivie. L'abord lacanien de la psychose, s’il est aussi purement relationnel, est cependant une impasse, la forclusion, avec l'irreversibilité qu'il met en avant étant recouverte dans la dernière partie de son œuvre par les notions de patch et de synthome, dans lesquelles elle se dissout en même temps que la distinction entre psychose et névroses.
Il est clair que cet état des lieux, qu'il serait possible de détailler plus précisément pour aboutir aux conclusions que je viens de dire, est insatisfaisant scientifiquement.
Il est pourtant une autre approche, dans un champ scientifique plus précis et plus restreint, qui permet de rendre compte du caractère spécifique de la question psychotique, et qui autorise le repérage d'un critère généralisable à l'ensemble de la question psychotique.
Dans ce champ, causes et conséquences se mêlent, de la même façon par exemple que la violence viendra plus facilement à l'esprit de quelqu'un qui l'a subie que pour quelqu'un qui ne l'a pas connue.
Ce champ précis et restreint qui permet d'apercevoir la question psychotique dans son unicité est la science du dialogue, autrement dit la dialogique, créée par Francis Jacques.
Grégory Bateson est le premier à avoir élaboré une approche dialogopathique. Son observation du double lien est précisément dans ce champ. Je rappelle ce paradigme : A commence à ébaucher une bise vers B, qui se recule à peine, ce qui provoque le retrait à son tour de A. B reproche alors à A son recul, en l'interprétant comme de l'hostilité... sans évoquer son propre mouvement. A va alors s'excuser, puisqu'il dépend vitalement de B et de son autorité. Il est fondamental de noter que dans cet exemple, la conséquence devient la cause le retrait de A, conséquence de celui de B, devient la cause de la conclusion de B, qui fera référence pour A.
Lorsque ce mécanisme se produit dans le cadre d'une logique subjective référentielle, autoritaire, le résultat en est double : d'une part se produit une désafférentation entre les sphères affectives et linguistiques, d'autre part l'autre est peu à peu désinvesti, au profit d'un imaginaire devenant, si j'ose dire, le seul interlocuteur fiable.
(Notons qu'on retrouve alors la caractéristique anatomique fréquente ( mais non constante, ni majoritaire même, donc non pathognomonique..) de la schizophrénie déjà évoquée : une hypotrophie relative du corps calleux, dont la fonction est précisément de relier ces sphères, et une hypertrophie relative et non constante non plus de la zone temporale gauche, un des sièges important de l'imaginaire.
La théorie du double lien permet ainsi, par l'effet de l'usage, de comprendre pourquoi un cerveau se forme parfois d’une certaine manière... Je ne connais aucune étude tentant de retrouver cette corrélation entre double lien familial et ces caractéristiques anatomiques fonctionnelles!)
Un logique très particulière se développe dans ce dialogue de double lien psychotique, on l'a vu : c'est l'inversion sans cesse de l'ordre de la cause et de la conséquence. On l'a bien vu dans l'exemple du double lien, et c'est fort clair dans cette illustration de Claire Bretecher mettant en scène une mamie qui veut à tout prix montrer à une amie combien son petit fils à un joli sourire, et le réveille pour cela! Devant les braillements de l'enfant, elle explique alors à son amie qu'il a aussi, hélas, le caractère de son père... La conséquence est devenue la cause!
Que les deux se confondent est alors une distorsion logique qui est en fait la caractéristique profonde de ce que Lacan avait appelé le signifiant. C'est bien la raison pour laquelle la psychose est affaire d'humain, et non de folie, ou, dit autrement, la raison pour laquelle tout le monde est plus ou moins fou..
C'est qu'un signifiant est un symbole dont la fonction s'inverse dans un effet de langage. Un bon exemple est le totémisme. Un animal désigné par un nom dans le registre de la chaîne des conséquences des logiques de chasse et alimentaires va à l'occasion devenir lui-même l'origine, la cause d'une autre chaîne logique, celle de l'appartenance ethnique dans ce cas. Le basculement de logique produit là aussi une forme de dénaturation radicale, comme dans le double lien, puisque l'interdit est alors posé sur la fonction première : on ne mange plus cet animal devenu totem..
Ainsi d'un enfant dénommé : le prénom qui lui est attribué est la conséquence d'un entrecroisement complexe de trajets, dont il va peu à peu en faire la cause de sa propre histoire... et de celle de quelques autres.
Être cause et conséquence, voici le point commun entre le statut du signifiant et du double lien, donc..
Leur différence est nette et catastrophique : dans un cas elle interdit l'articulation des logiques, dans l'autre elle le permet...
D'une part, cette autonomie, cette causalité brusquement dévolue à une conséquence a pour fonction de cacher la causalité première qui refuse un questionnement, un remaniement, dans l'autre cas, elle crée un autre espace, une autre logique synergique de la première : une tribu bien identifiée, repérée, va plus facilement s'organiser chasser et réaliser d'autres activités nécessaires. Dans un cas elle interdit des circulations entre logiques, par exemple affectives et symboliques comme dans le doubl lien, dans l'autre, le totem, elle autorise cette circulation entre logiques, même et surtout si cette cirulation est hétérologique.
En reprenant l'exemple de l'enfant prénommé dans une tradition, plus il est investit d'amour et de respect, plus son narcissisme sera solide afin qu'il invente sa vie et impulse un autre destin à son prénom.. Le basculement de conséquence à cause de l'effet signifiant est là une hétérologie synergique, et non antagoniste.
Ce renversement est en fait l'introduction d'une subjectivation du discours du sujet, donc permet son appropriation. L'effet poétique est le plus notable d'entre eux, et on se souvient que j'avais fait de son absence la condition principale de l'autisme.
Du signifiant qui épingle le sujet, qui le fixe en un lieu, on passe au signifiant qui représente le sujet, la conséquence est devenue cause.
C'est à cet endroit que le concept d'hétérologie est précieux : le signifiant du vrai dialogue autorise la circulation entre des logiques différentes, par exemple la logique de désignation et la logique subjective, comme nous venons de le voir.
La fonction signifiante est une fonction d'articulation hétérologue, pour une part poétique, entre les sujets entre eux et les sujet et le social, où la conséquence dans une de ces logiques va se trouver devenir une cause dans une autre... La circulation hétérologue de l'être dans ses différentes dimensions dépend de cette fonction signifiante.
C'est cette fonction précise dans nle dialogue vivant qui est constamment altérée dans le trait psychotique.
En fait, aucun trait psychotique, quel qu'il soit, ne manque de se repérer dans une pathologie de la structure du dialogue.
Ce que j'appelle ici dialogue est très précis : il s'agit de l'ensemble des paroles échangées concrètement émises et entendus par deux personnes au moins dans une présence réelle. C'est cette définition restreinte qui permet d'apercevoir la constance de la pathologie psychotique dans son fonctionnement. Il ne s'agit donc pas de dialogue intérieur ou imaginaire.
Si on commence par la question de l'autisme, la pathologie du dialogue est la totalement évidente, puisqu'il n'est même pas construit! Là encore causes et conséquences se confondent, c'est parce que le dialogue n'a pas lieu qu'il n'existe pas, dirait Monsieur De La Palice. La tentative de dialogue parentale échoue, quand elle a lieu, sur une fin de non recevoir, spécialement ciblée sur la forme humaine, et non animale, fait clinique qui élimine à lui tout seul toute organicité de cette pathologie.
Dans la paranoïa, que je vais un peu développer puisque je ne l’ai pas traitée dans les conférences précédentes, les référentiels du dialogue ne sont jamais remaniés, le contenu ne fait que s'enrichir à partir d'une base qui reste fixée, stable et non transformable par le dialogue. L'autre existe, un dialogue existe, rendu minimal par l'absence plus ou moins totale de remaniement référentiel. Le contenu persécutif constant de ces structures de pensée est lié précisément à la fixité du sens : que réel et symbolique soient collés, et la subjectivité disparaît du champ de la pensée, du simple fait de ce collage. La subjectivité, dans le trait paranoïaque est écrasée par le désir de vérité, et c'est ce dernier qui le persécute en fait. C'est ainsi qu'il est entré dans la langue, d'une façon telle que dans l'origine de son appropriation de la parole, ce collage eut lieu d'emblée.
Ainsi, cette patiente prise dans une constellation familiale au fonctionnement à peu près complètement opératoire, dont l'avis personnel, le ressenti, le décalage subjectif n'est jamais ni repéré ni demandé, entame-t-elle une psychothérapie le jour où son corps craque de ne plus tenir le rythme effréné des listes de choses à faire que demandent les autres. La violence quasi absolue de ces listes, familiales et professionnelles, est parfaitement corrélée à l'intense culpabilité que représente toute discussion subjective de ces listes et de leur bien-fondé.
La violence fantasmatique énorme de la "faute", de l' "erreur", en font une employée modèle, au prix d'un oubli d'elle-même de plus en plus dangereux, au niveau de sa santé physique en particulier. L'autre est d'autant plus insatiable que sa demande ne bute sur aucune fin subjective. En réalité, la construction paranoïaque est effrayante et persécutrice, car l'aperçu de la subjectivité ferait courir le risque d'apercevoir la fausseté des fondations, donc un écroulement de tout le système moïque en serait la conséquence fantasmée. Le trait paranoïaque est un gigantesque faux self.
Les séances répètent pendant des années le non dialogue quasi absolu des subjectivités. Elle déroule seule ses listes pendant toute la séance, sans je n'aie au départ la moindre place. Peu à peu, l'élaboration d'une vrai dialogue va permettre à sa subjectivité de retrouver une place, de sorte qu'elle ait de moins en moins besoin de ce trait particulier de sa structure complexe. Et là encore, la valse conséquence/cause du signifiant va reprendre, puisque la conséquence de certaines séances où sa subjectivité renaît va être reprise par elle en dehors de ces séances pour devenir peu à peu cause de changements dans sa famille, son travail et en elle-même, dans son propre discours. Le temps de la cure, nécessairement long, transforme la crainte de la catastrophe en lente et prudente reconstruction d'un moi plus souple, plus ouvert aux surprises subjectives, des autres et d'elle-même.
Notons que le corps est en place, l'image du corps joue son rôle d'altérité, le trouble s'est mis en place après que le lien entre les mots, l'affectivité, la motricité, par le biais des jeux de la petite enfance aient joué leur rôle structurant. Aussi, la forme du dialogue est-elle conservée, l'identification à l'autre est-elle possible. Ce qui bute est le remaniement référentiel nécessaire à cette deuxième partie de l'enfance où l'image du corps se complexifie, et nécessite une attention, une humilité, des modifications fines du discours parental à la subjectivité naissante de l'enfant. Ce qu'on appelle la castration : le parent ne sait pas tout, n'est pas tout, n'est pas dans la vérité, vit et accepté les multiples différences, sexuelles et autres, de l’enfant.
L'impossibilité de cette dimension signe l'échec douloureux de tout dialogue.
Alors, le conscient l'emporte sur tout le reste, la sphère moïque est amputée de toute la subjectivité inconsciente. La plupart des psychothérapies de structures paranoïaques dominantes que j'ai pu voir ont consulté car ces patients ou patientes ne voyaient plus leurs propres enfants, qui avaient préférés rompre plutôt que de poursuivre ces dialogues sans remaniement. Ce n'était pas le cas de la patiente précédente, chez laquelle ce trait était plus"léger", plutôt de l’ordre d’un trait encombrant de caractère.
Dans la schizophrénie, c'est l'inverse, et aucun référentiel stable ne persiste au-delà du dialogue. Tout se passe comme si les axes affectifs et symboliques n'étaient pas suffisamment reliés, et évoluaient donc tour à tour pour eux-même, sans être suffisamment attachés. C'est que l'image du corps là n'est pas solidement constituée, du fait de la dérive entre les sensations et les traductions symboliques précoces, ce que montre bien le double lien. La dialogopathie est plus ancienne, à un stade plus précoce. Ayant traité cette aspect dans le travail sur Perceval, nous n'y reviendrons pas ici en détail. Simplement, la précocité du trouble relationnel est telle que la structure même du dialogue schizophrénique en témoigne : traits autiste, identification inconstante de l'autre, remaniement des noyaux signifiants sans sens authentique pour l'être. Les phrases échangées dans le dialogue ne participent pas à une construction complexe et profonde des référentiels de chacun, d'où ce glissement constant du sens, vite introuvable derrière les défilés métonymiques et la faiblesse empathique de fond. Et, souvent, les paroles se superposent au lieu de s'articuler.
Le lien très approximatif entre les mots, le corps et ses éprouvés, soi et l'autre se retrouvent dans la structure même du dialogue concret qu'on entend dans un dialogue schizophrénique.
Dans la dissociation, constante dans la schizophrénie, mais aussi partiellement présenté chez tout humain, comme tous ces traits, l'absence de circulation poétique entre le sens et le signifiant les fait évoluer dans une radicale séparation. La métaphore poétique ou humoristique, voire ironique, les figures de style, sont dans l'ensemble absente du dialogue concret dans les épisodes psychotiques dissociatifs graves. Là encore, causes et conséquences se confondent.
Mais insistons sur le fait que la structure originelle du trouble se retrouve dans la structure du dialogue concret là aussi. La réintroduction de la métaphore, de l'humour, de la poésie dans le dialogue thérapeutique concret est plus qu'un signe d'amélioration, ça peut aussi en être la cause..
Enfin, dans la question de l'hallucination, le dialogue intérieur remplace le dialogue réel concret externe. L'nterlocuteur halluciné occupe la place de l'interlocuteur réel. Nous avons vu que quand se rétablissent de vrais dialogues, au sens de la parole (idéalement ?) pleine de Lacan, le besoin hallucinatoire s'assèche peu à peu.
La psychose est donc constamment une pathologie du dialogue concret. Tous les exemples précédents sont extensibles à l'ensemble des problématiques concernés par les traits psychotiques.
Cette définition éclaire alors l'extrême variabilité des structures psychotiques, selon le temps, les lieux, les interlocuteurs. Il est connu depuis que la psychiatrie existe que le diagnostic posé dépend énormément du psychiatre, donc en fait du type de dialogue instauré par les deux protagonistes de l'interlocution.
De la même façon les pronostics évolutifs posés à partir d'états psychotiques de l'enfance montrent tous leur caractère extrêmement aléatoire.
C'est que si cette structure est une pathologie du dialogue, elle est aussi variable que lui. Ainsi se comprends mieux que des changements dans les logiques subjectives référentielles d'un sujet puissent amener à des changements cliniques importants, voire à des guérisons. Il est plus d'un exemple d'amélioration spectaculaire d'états psychotiques lors de deuils ou de divorces..
On comprend aussi mieux avec cette grille de lecture le moment de déclenchement des symptômes : en effet, le dialogue parental vise au fond à la construction d'une suffisante autonomie sociale. Qui n'est pas possible dans une trop grande dialogopathie, qui laisse les interlocuteurs familiaux extrêmement dépendants les uns des autres, faute d'une subjectivité suffisamment inventive en place.
Dès lors le moment de l'autonomie dévoile l'incomplétude de la structuration par le dialogue, et la désorganisation de la personnalité n'est plus compensée par les appuis familiaux, même s'ils sont pathogènes. C'est d'ailleurs en raison de leur trop grande valeur d'appui qu'ils sont nocif!
On comprend aussi alors le temps nécessairement long de ces prises en charge, car les patients vont naturellement chercher en premier lieu l'équilibre, d'avant, connu, et cherchent ainsi à reproduire leur propre pathogénie, afin de maintenir l'équilibre connu. C'est la raison qui les pousse à choisir des partenaires de vie reproduisant les dialogiques pathogènes de l'enfance.
De toutes ces remarques, s'impose alors une conception du dialogue fondamentale pour la réalité psychique, au point qu'on peut dire qu'une partie de l'appareil psychique est observable dans la réalité de la parole échangée, dans l'échange dialogique et groupal.
Une part du moi est liée à la parole entendue, qu'elle vienne de soi ou de l'autre. C'est précisément le dialogue concret, instance tout à fait particulière et nécessitant à ce titre d'être isolée cliniquement. Cette identité est constamment remaniée, constamment différente. Elle tient autant en effet aux paroles dites par le sujet qu'à celles opposées par l'autre dans ce dialogue. En psychothérapie, ce trait particulier du psychisme humain est empiriquement utilisé dans la pratique courante, lorsqu'on propose à un patient en psychothérapie de répondre authentiquement lorsqu'il est pris dans un dialogue qui le contrarie. Il faut en effet être bien fort et bien détaché pour rester insensible aux effets parfois délétère de certains dialogues, ou avoir une forte structure paranoïaque ou autiste. Pour les autres, la majorité, une intériorisation se fait de ces paroles toxiques, non reprises dans le dialogue, avec leurs effets pathogènes. Cet aspect de la dialogopathie est vécu plus ou moins par tous et à ce titre parfaitement compréhensible.
Le dialogue est donc une forme de sas, d'interface entre soi et les autres, espace d'accords, de résonances, mais aussi de conflits, d'hétérogénéité entre des instances différentes. On comprend dans ce contexte clairement la double face, interne et externe, du signifiant. Dans cet espace d'interlocution, les mots prononcés ont sans cesse cette double fonction, d'être dit et entendu..
C'est à partir de ce sas que les intériorisations symboliques successives vont se faire, comme autant de logiques subjectives. Que ce dialogue soit toujours cause et conséquences est sa particularité signifiante. C'est aussi pour cela qu'il reste l'outil thérapeutique par excellence dans la psychose, puisque dans ce trait, le patient repropose ce qui a causé son problème.. Le dialogue psychotique est la conséquence de dialogues pathogènes, qui s'actualise dans l'entretien thérapeutique comme cause d'un changement..
Le dialogue normal met constamment au travail la distinction entre la structure sociale de la loi et sa structure individuelle. Il permet d'introduire une sorte de crise structurante constante et régulatrice entre ces deux instances.
Une crise psychotique consiste en effet avant tout en un desaccouplement de ces registres symboliques, au cours duquel la subjectivité n'a pas ou peu d'effet subversif, remaniant, sur la loi familiale ou sociale. L'absence de régulation de la loi par le sujet et du sujet par la loi produit des effets psychotiques individuels ou sociaux.
C'est la raison profonde pour laquelle l'absence de rapports entre réalité sociale et réalité psychique est si importante. Cette césure même est une garantie de remaniement, de conflit, lorsqu'elle est actualisée par un vrai dialogue.
Il existe une norme familiale avant la norme sociale. La psychanalyse s'intéresse aux quiproquos plus ou moins dramatique de la rencontre entre subjectivité de l'être et la norme familiale. Le cœur de cette technique consiste à une élucidation suffisante à travers le transfert des quiproquos, à une reconstruction, qui permettent l'entrée et la circulation dans la norme sociale. Y compris en la contestant et là remaniant.
Il n'est pas possible à l'être de se coller à la norme familiale sans une double conséquence, pour le sujet et pour le groupe : l'un disparaît, l'autre se fige... Le résultat en est explosif des deux côtés. La raison même d'un dialogue plein n'est plus, et les dialogues seront pathologiques, du type de ceux que nous avons isolés plus haut.
C'est que l'hypercomplexité de l'être ne peut se réaliser que dans une relation souple à la norme, de même que la rigidité sociale ne peut bouger, évoluer, que grâce aux individus qui la bousculent, et la font évoluer souvent contre son gré.
Le dialogue, on l'a vu dans les exemples cliniques, est aussi au centre de la question de l'image du corps dans son rapport avec la normalité...
En effet, elle est directement liée à ce que j'appelle les logiques subjectives référentielles, autrement parentales. Ceci se différencie de la conscience du corps proprement dite, qui a plus à voir avec l'intégration proprioceptive qui se constitue à force de relations entre la motricité et la sensibilité. Il s'agit là d'une propriété proprement animale, biologique, qui implique une différentiation entre l'organisme et le monde, ce qui est en soi une première conscience, impliquant la maîtrise d'un organisme séparé du monde, vectorisé par les multiples instincts qui équipent le monde animal. Il n'y a aucune raison que l'homme ne soit pas équipé lui aussi de cette fonction, même si c'est dans une moindre mesure.
Outre cette fonction, existe donc dans ce qu'on appelle chez l'être humain l'image du corps ou parfois l'image inconsciente du corps. Nous allons voir que ces deux termes correspondent à deux concepts en fait très précis est très différent.
En effet, l'être humain a aussi à se repérer et se constituer dans le dialogue avec l'autre, individuel, familial et social.
Cette présence de nous-mêmes dans le registre de l'autre se fait dans deux plans : le plan conscient et le plan inconscient.
L'image consciente du corps est présente concrètement et élaborée dans le dialogue, dans la parole avec les autres qui nous entourent. Elle est précisément cette représentation de nous qui se définit dans le langage qui nous entoure, tel qu'elle est concrètement exprimée.
L'image inconsciente quant à elle correspond plutôt a cette part de nos représentations qui échappe à la représentation concrète du langage pour autant qu'elle est en rapport avec l'inconscient, le refoulé de ces autres. Nous y sommes présents, pourtant de manière éminemment concrète, mais à travers des accidents du langage, des élisions, des sous-entendus, des silences, des allusions, autant de traces d'un refoulé, d'un non-dit, d'un secret, qui nous concernent au plus haut point pourtant.
C'est que l'image inconsciente du corps nous définit et nous aspire tout autant que l'image consciente. Elle se différentie de la paranoïa, qui elle aussi interprète ce qui n'est pas immédiatement présent à partir d'un signe, en ceci que l'ensemble de ses éléments se définit concrètement et précisément dans des accidents du langage, au lieu d'être inventé ou halluciné.
Il est certain que le bébé, dans sa venue au monde, rencontre la norme à l'aide de sa subjectivité, son être. Il est alors fondamental que tout ce qu'il en est de cette subjectivité s'articule à la norme de sorte que cette norme familiale, maternelle, paternelle, soit en fait secondaire à la subjectivité, la singularité de l'enfant pour qu'il vienne s'y inscrire.
Une absence complète d'articulation entre cette subjectivité de l'être et la norme familiale qui l'entoure peut tout simplement être à l'origine d'un autisme complet ou partiel.
Déjà à ce moment-là, le fond de la problématique est du côté du dialogue, ici entre norme et subjectivité, avant d'être entre soi et l'autre. Mais ce second dialogue restera toujours l'écho du premier..
L'éclatement corporel dans la psychose ?´est alors que le témoin que l'image du corps est relié à une subjectivité aux prises avec un autre l'écrasant plus ou moins complètement. C'est alors ce qui se retrouve, comme on l'a entendu dans l'exemple schizophrénique, dans le dialogue concret des patients.
Car chez l'homme, dans la mesure où cette première partie d'intégration corporelle proprioceptive et instinctuelle est extraordinairement atrophiée par l'immaturité considérable de l'être humain à la naissance, elle est beaucoup plus reliée à l'image consciente et inconsciente du corps que chez l'animal.
Pourtant si l'on prend certaines d'espèces animales, tel que les ours, les kangourous, et bien d'autres, on trouve également une naissance qui s'accompagne d'une extrême immaturité, avec un lien entre l'élaboration du comportement instinctuel et l'apprentissage culturel par l'autre qui est également très puissant.
Dès lors, on peut supposer qu'une inappropriation importante entre les besoins intrinsèques du petit et la proposition faite par la mère peuvent dans ces cas aussi aboutir à un autisme.
De fait bien entendu la capacité à survivre du petit animal autiste est tellement faible que les observations ne peuvent être que très rares.
Mais elles existent donc, et des cas ou été observée chez les singes en particulier.
http://www.gurumed.org/2011/09/24/un-jeune-bonobo-prsente-des-signes-dautisme/
En dehors de la mésencontre autiste, l'apprentissage de l'humain n'est donc possible que si la subjectivité du bébé est préservée. Mais, la base même du conflit dialogique entre subjectivité et norme est alors posée, qui n'a pas fini d'imposer ses surprises, bonnes et mauvaises, dans le déroulement de l'enfance.
D'une façon plus générale, la loi fondamentale de l'évolution veut que la singularité individuelle vienne contester la norme. Dans un certain nombre de cas liés au hasard, ces variations individuelles vont donner forme à une nouvelle norme plus adaptée à un changement environnemental.
Ainsi dans ce processus mouvant entre la singularité et la norme dans l'évolution de l'être humain, le fait qu'un sujet ne s'adapte jamais complètement à la norme est une chance pour elle de pouvoir évoluer vers des besoins, des changements plus adapté au mouvement du monde. Cette dialectique entre subjectivité et norme est un des éléments fondamentaux de l'évolution.
On voit au passage que toute sortie d'un trait psychotique par le biais de la psychanalyse ou non permet une contestation d'une norme, quelle qu'elle soit, familiale ou éventuellement sociale, parfois remuante, parfois inapproprié, et parfois parfaitement pertinente. Cela rejoint la fonction historique et hélas perdue du fou du Roi dans les cours médiévales. Tout le champ de la psychothérapie familiale montre largement cette fonction.
On comprend aussi pourquoi la psychanalyse, dans son rapport à la psychose et à la psychothérapie institutionnelle est constamment en opposition avec le pouvoir normatif.
Et qu'on comprend aussi en quoi le pouvoir normatif, éventuellement contre son gré, a le plus grand besoin de cette opposition pour évoluer lui-même.
De ce point de vue, un trait psychotique est un changement proposé à la norme par quelqu'un qui a été écrasé par cette norme et qui fait persister par des symptômes son besoin d'être. La fonction du trait psychotique est alors d'assouplir le trop de rigidité d'une règle familiale ou sociale.
Il y a dans le trait psychotique une révolution oubliée, qui, lorsqu'elle est aperçu, remise au jour, est un puissant moteur de l'évolution de la société humaine.
C'est d'ailleurs le statut de l'initié, le statut du chaman, qui du fait d'être passé par la folie, montre le chemin.
Faire taire tous les déviants de la société est souvent le but de la police, du pouvoir, parfois de la science, car tout ceux-là savent bien au fond d'eux-même que donner la parole, ou naître à la parole pour la psychose serait un acte de contestation de la norme le plus souvent familiale, parfois même sociale.
L'enjeu de la psychothérapie institutionnelle est là, et le pouvoir actuel ne s'est pas trompé en l'interdisant expressément des lieux de décision et de pouvoir sur la folie.
C'est que le rétablissement d'un vrai dialogue, dans le champ de la cure, a nécessairement des effets rebelles dans les familles et le social.
C'est que Le vrai dialogue, toujours, abouti à faire vaciller la norme, redonnant à l'être sa place de sujet.
C'est aussi en raison du fait que cette observation et cette science du dialogue sont au cœur du processus de changement du trait psychotique, que sont laissés parfois pantois ces maîtres du silence que sont trop souvent certains analystes, ainsi dépourvus face à ces cures.
C'est que le vrai dialogue qui autorise parfois une restructuration de ces patients demande une authenticité et une humilité considérable de la part du thérapeute. Ce dialogue thérapeutique chemine alors à travers les failles narcissiques de l'analyste, failles avouées, posées au besoin, ce qui fait rupture avec l'autre incastrable, paradoxal, clivé qui parle encore derrière la dialogopathie que propose le trait psychotique. On comprend aussi en quoi, dès lors, une théorie figée et indiscutable de la psychose fait obstacle au processus thérapeutique du côté du thérapeute : ainsi, Henri Ey n'avait-il que 8% d'évolutions favorables chez ses patients schizophrènes, et on peut se demander les résultats des certitudes de certains lacaniens à propos de la forclusion, ou encore les effets de cette absolue vérité que trop de psychiatres véhiculent de la nécessité continue des traitements psychotropes.
Si on suit le fil ici proposé, toutes ces attitudes sont en fait destructrices des vraies bases du dialogue thérapeutique, qui repose lui sur l'entrecroisement des incertitudes de chacun, prélude indispensable au rétablissement d'un vrai dialogue, dès lors thérapeutique. Une vraie construction dialogique nécessité le remaniement des référentiels de chacun. Le débat entre norme et subjectivité est ainsi au cœur du dialogue thérapeutique, œuvrant chez chacun des protagonistes aussi bien qu'entre eux.
L'éclairage que je propose en conclusion de ce séminaire sur le trait psychose n'est bien entendu pas exclusif de bien d'autres. J'ai voulu terminer par cet aspect, car il m'est apparu comme l'élément le plus susceptible de saisir une part importante du travail clinique, que j'appelle ici la dialogopathie. S'intéresser précisément à la structure du dialogue proposé par le patient, comprendre que ces altérations de la communication sont des témoins précis de la génése d'une part importante des troubles, donc que les conséquences parlent des causes, en raison même du fonctionnement du signifiant, tout ceci me paraît avoir un impact tout à fait pertinent sur l'évolution du travail clinique, lorsqu'on intègre ainsi au travail thérapeutique l'élaboration constante de la dialogique concrète de l'entretien.
Cela n'est en rien une direction miraculeuse, elle prend un temps très long comme tout travail avec les traits psychotiques, si on exclu les bouffées délirantes du jeune adulte. Des durées de traitement psychothérapique ou psychanalytique de 10 ans ou plus sont fréquentes.
La raison en est double : il faut en effet accompagner une double reconstruction, interne et externe. Lorsque le dialogue n'est pas constructif, c'est que les partenaires du départ, dont le patient dépend pendant encore fort longtemps, participent de la genèse de cette dialogopathie. Une évolution ou des changements de ces partenaires feront partie du chemin. L'autre raison, interne, est liée aux équilibres intimes de ces patients. On a vu pour la question paranoïaque que l'aperçu du château de carte qu'est souvent leur vie est impossible sous menace d'écroulement. Il faut que la reconstruction soit déjà bien avancée pour que ce système s'amende. Dans l'autre pôle, le schizophrénique, la désynchronisation entre les affects et les signifiants est telle que l'imaginaire et tous ses bénéfices prennent la place de la construction dialogique.
Dans les deux cas, c'est la patiente et lente reconstruction de l'échange dialogique qui pourra parfois permettre au patient d'abandonner ses constructions symboliques ou imaginaires au profit d'une nouvelle avancée vers l'autre et donc dans le monde social humain, chemin dépourvu de cette toute puissance qui servait de refuge, mais autorisant une réciprocité créative qui ouvre alors à un simple trajet d'homme ou de femme... La condition forte de ce nouveau chemin est la qualité humaine de la relation thérapeutique, sans laquelle le patient ne se hasardera pas à mettre en question sa dialogopathie. On comprend mieux pourquoi, au terme de ces 4 conférences sur la psychose, les praticiens de quelle qu'obédience que ce soit ont remarqué depuis longtemps que la qualité de la rencontre était le principal moteur d'un changement thérapeutique dans les questions psychotiques : c'est qu'elle seule permet un remaniement de la structure du dialogue, de la dialogique.